Biographie

Photographe d’hier, femme d’aujourd’hui.

De cet enfant de Toulouse nous connaissons surtout les photographies, illustrant de très nombreux ouvrages historiques relatant de l’occupation à Toulouse.

En réalité, elle était aussi connue à Toulouse pour ses talents de portraitiste. En effet, de nombreuses personnalités telles que le peintre Henri Martin, le compositeur Bruno Walter, l’aviateur Antoine de Saint Exupéry ou encore le préfet Chéneaux de Leyritz sont passés dans son studio.

Son métier de reporter photographe l’oblige à prendre des risques. Bravant l’interdit, elle photographie la présence ennemie.

Passionnée par la vie et le mouvement elle sait capter des événements de la vie courante.

Son oncle le grand photographe Provost, sa mère remarquable pianiste, son père féru de peinture, elle fut élevée dans un milieu artistique. Femme de passions, elle fut tour à tour dessinatrice, pianiste, chanteuse d’opéra (sous le pseudonyme d’Anny Morgan) navigant du théâtre du Capitole à son magasin de disque rue du Rempart Saint Etienne.

1935, Ces Débuts:

Autodidacte, elle se forme à la photographie en étudiant les travaux de Man Ray (1890-1976) et Brassai (1899-1984), ses références.

En 1935 sa passion pour la photographie devient exclusive. Elle en fait réellement son métier en 1937. Dés le début, elle mène de front le portrait et le reportage. Elle est engagée à plein temps au journal La Garonne en 1938.

Armée de son Rolleiflex elle immortalise le quotidien des toulousains, du banal à l’exceptionnel ; les personnalités politiques, artistiques ou religieuses.

Dans son appartement au 21 de la rue Saint Etienne (aujourd’hui rue Croix Baragnon), elle transforme le cabinet de toilette en chambre noire, aménage la grande salle à manger en studio et le salon devient la salle d’attente.

“Toute la bonne société toulousaine doit se faire photographier par Madame Chaumel.”

En 1937, Germaine Chaumel crée avec onze de ses camarades photographes le club des douze. Elle remarque le jeune Jean Dieuzaide qu’elle patronnera en 1945.

1939, les années noires

Son mari prisonnier en 1940, Germaine Chaumel se retrouve seule avec ses 2 enfants. Elle ferme le négoce en électricité et luminaire de son mari (“Le Comptoir Général d’Éclairage”) et redouble d’activité afin de subvenir aux besoins de sa famille. Elle est engagée à plein temps chez Paris Soir et La Garonne, correspondante du New York Times, de France Presse, Keystone, ainsi que de nombreux journaux régionaux (L’Indépendant, La Petite Gironde, La Dépêche, …).

Elle devient même photographe sportif des rencontres de rugby ; elle livre ses photos à la mi-temps pour la vente du journal à la fin du match. Elle a accueilli  Emmanuel Sougez en 1940 qui l’a initié à la photographie publicitaire.

Elle travaille dans un milieu exclusivement masculin et couvre les plus grands événements de l’époque : de l’exil des républicains espagnols aux milliers de réfugiés de l’exode du nord de la France et de la Belgique. Elle recueille pendant prés d’une année une famille belge juive désemparée.

Ces photos retranscrivent bien les conditions épouvantables du moment : restrictions, rationnement, hiver glacial.

1942, L’occupation allemande

Le 11 novembre 1942, les allemands arrivent en zone libre. Germaine Chaumel se précipite place du Capitole afin de témoigner de l’événement malgré l’interdiction formelle de les photographier, le Rolleiflex dissimulé sous son grand manteau.

Elle est la seule à avoir immortalisé Toulouse sous l’occupation puis sa libération.

Son humanisme est constamment présent dans ses reportages et jamais elle ne photographiera la mort ou la souffrance.

Après Guerre

Après la libération Germaine Chaumel travaille pour les nouveaux journaux issus de la résistance (Le Patriote, La République et Combat). Elle continue son travail de portraitiste au studio jusqu’en 1953, date de son départ pour Paris vers de nouvelles passions.

Souvent comparée à Lee Miller, célèbre reporter photographe américaine qui comme Germaine Chaumel à photographié la seconde guerre mondiale, l’une à travers les combats l’autre à travers l’occupation.

“Il y a cinquante ans, Germaine Chaumel était une femme d’aujourd’hui”.